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Legs et donations aux OSBL : la France en retrait face à ses voisins européens

  • Photo du rédacteur: Marie d'Almaris
    Marie d'Almaris
  • 24 sept.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 sept.

Les libéralités : un mode de financement encore marginal en France pour les OBSL


En Europe, les libéralités – qu’il s’agisse de legs, de donations ou d'assurance-vie – constituent une source essentielle de financement pour de nombreuses organisations à but non lucratif. Dans certains pays comme le Royaume-Uni, la Suisse ou l’Allemagne, elles représentent une part importante des ressources du secteur caritatif, parfois jusqu’à 20 à 30 % du financement global. (Source : Fundraising.co.uk) En France, cette part demeure beaucoup plus limitée, autour de 10 % en moyenne, malgré un cadre juridique relativement favorable.

Selon le World Giving Report 2025, cette différence s’explique notamment par le poids de l’État providence français, qui prend en charge des pans entiers de l’action sociale et réduit la perception du « devoir » de transmission patrimoniale au profit des associations.


Une culture anglo-saxonne du don posthume


Dans les pays anglo-saxons, les libéralités s’inscrivent dans une longue tradition de philanthropie individuelle. Le Royaume-Uni, par exemple, dispose de dispositifs fiscaux incitatifs (comme le Charitable Legacy) qui encouragent les testateurs à inclure des associations dans leur succession. De même, l’Allemagne et les Pays-Bas valorisent la liberté testamentaire et les fondations familiales, permettant aux donateurs de laisser une empreinte durable sur la société.


 En comparaison, la France reste marquée par une culture de l’héritage familial. Les règles de la réserve héréditaire limitent la part de patrimoine que l’on peut léguer librement, ce qui restreint mécaniquement la capacité des associations à capter de grandes libéralités.


Un marché en croissance lente mais prometteuse


Malgré ce retard, la France connaît une évolution notable. Le vieillissement de la population, conjugué à une prise de conscience croissante de l’impact sociétal des associations, entraîne une augmentation régulière des legs et donations. Les grandes fondations et ONG observent une hausse de ces ressources, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la solidarité internationale.Cependant, comparée à ses voisins, la progression reste modeste. Alors que le volume annuel de libéralités atteint plusieurs milliards d’euros au Royaume-Uni, la France se situe en deçà, avec un potentiel encore largement inexploité.


Le défi de la confiance et de la transparence pour les fondations et associations


Un autre facteur clé réside dans la confiance du public. Le rapport 2025 sur la générosité en France (World Giving Report) montre que les donateurs plébiscitent les associations locales et de proximité, mais restent plus méfiants envers les structures nationales ou internationales. En Europe du Nord, la transparence des organisations et la valorisation fiscale des dons posthumes ont permis d’instaurer une culture de confiance plus solide. Pour combler l’écart, les associations françaises doivent redoubler d’efforts en matière de communication, de pédagogie sur les mécanismes juridiques (legs universels, assurances-vie, donations en nue-propriété) et de démonstration d’impact.


Une opportunité stratégique pour le futur


Alors que les financements publics tendent à se contracter, les libéralités apparaissent comme un levier stratégique pour renforcer la résilience du secteur associatif en France. L’enjeu n’est pas seulement financier : il s’agit aussi de faire évoluer la perception du don posthume, encore trop associé à un tabou culturel. En s’inspirant des bonnes pratiques européennes – fiscalité plus attractive, valorisation des grands donateurs, transparence accrue – la France pourrait progressivement rattraper son retard et bâtir une véritable culture de transmission solidaire.



Un équilibre porté par l’engagement citoyen


Si les Français font moins de legs et donations que leurs voisins, ils compensent par un engagement bénévole plus fort, avec une implication associative profondément ancrée dans la culture.

Et surtout, la relève est déjà là : une jeunesse plus généreuse qu’on ne le croit. Loin des clichés d’individualisme, les 18-34 ans affichent un engagement remarquable. Ils consacrent une part plus importante de leurs revenus aux dons (0,6 % contre 0,4 % pour les plus de 55 ans), s’investissent davantage dans le bénévolat et n’hésitent pas à tendre la main à des inconnus. Leur palette de causes est également plus large : éducation, protection animale, jeunesse… autant de signes d’une sensibilité accrue aux enjeux sociétaux et d’une volonté d’inventer une générosité à la française.

 
 
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